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Une élection sans enjeu, un dimanche comme un autre. Pour Serge Jurczak, communiste et engagé en politique de longue date, les municipales étaient gagnées d’avance. Seul candidat à sa réélection, qui est le maire de Serémange Erzange ? 

 


Sourire et moustache affichés sur ce visage rond, autour d’une table, elle, rectangulaire. Pas de doute ce jour-là, c’est avec le marionnettiste de la Fensch que nous avions rendez-vous.

 

Dès le mois de février, lorsqu’il nous reçoit dans son bureau, Monsieur le Maire de Serémange (« -Erzange ! Attention à ne pas oublier Erzange » , rappelle-t-il d’entrée) nous dévoile sa vision de l’avenir, somme toute très juste. Seul candidat dans sa commune, il peut se permettre de se divertir en faisant des pronostics pour les communes voisines. « A Nilvange, Pinna (Alexandra Rebstock-Pinna NDLR) va passer, vous allez voir ». Pour Hayange, c’est sûr : Fabien Engelmann remportera l’élection du mois de mars. « L’opposition est bien trop divisée : trois listes se présentent contre lui. Moi je les ai toutes rassemblées, ces têtes de liste, dans mon bureau. Je leur ai suggéré de faire des alliances. Ils n’ont pas voulu ». Dans le mille, une nouvelle fois.

 

 

D’où tient-il cette influence ? Omniprésent dans la politique fenschoise, proche de Moreno Brizzi (ndlr : maire de Nilvange) il était d’ailleurs présent à ses vœux ainsi qu’à l’annonce de sa défaite. Venu consoler son ami ou bien apprivoiser la gagnante, l’histoire ne nous dit pas quelles étaient les intentions de celui qui était vêtu de son perfecto en cuir ce soir-là. 

 

L’engagement de Serge Jurczak semble être d’ailleurs reconnu par tous, du moins à l’échelle du territoire. « L’opposition socialiste ne va, cette année, pas faire de liste car ils jugent que la commune est entre de bonnes mains. Ça fait quand même quelque chose. Et l’opposition de droite pareil, tout en remerciant le maire et son équipe », livre-t-il de lui-même. Il est la personne à qui on fait confiance, vers qui on se tourne notamment au sein de la Communauté de Communes Val de Fensch. « J’ai toujours prôné la coopération intercommunale. Aujourd’hui, travailler ensemble, trouver les points de convergence, c’est devenu une obligation.» C'est d'ailleurs comme cela qu’il conçoit la maintenance d'une réelle identité de la vallée. Et donc la lutte contre un regroupement de plus grande ampleur avec une commune comme Thionville, qui masquerait les besoins de ses petites voisines. 

 

 

Soixante-huit-tard

Une stratégie toute calculée, bien déployée et qu’il compte bien faire perdurer. Si ce n’est pas pour cette année qu’il rendra son tablier, il se voit bien tout arrêter à l'aube de 2026. « Des projets… J’en ai encore pour cette ville. J'ai déjà quelqu’un pour me remplacer en tant que maire que je vais former pendant quatre ans et demi pour qu’elle soit au top à la fin du mandat. 2026 j’aurai passé la main. Je veux partir en laissant quelque chose derrière moi. » L’édile a un train d’avance sur l’avenir. Et une maîtrise du temps à faire pâlir notre Président. 


 

L’homme de 68 ans s’est fait tout seul. Petit-fils d’immigrés ukrainiens et italiens, il a toujours connu la Fensch. Comme sa grand-mère qui a rejoint la firme dans ses belles années, lui a fait sa carrière à la SMK (Société Métallurgique de Knutange). De ses origines il tire la force et la détermination dont il fait preuve encore aujourd’hui.
 

Encore au lycée alors que les événements de mai soixante-huit enflamment les pavés en France, la révolte l’appelle déjà. Celle-là même qui l’entraîne à prendre plus tard sa carte à la CGT puis son engagement politique au Parti Communiste Français, en 1978 cette fois. Pour la grande époque du syndicalisme, il arrive un peu tard « j’ai été dans une cellule d’entreprise où on était assez nombreux. Mais avec la désindustrialisation, c’est parti un peu dans tous les sens, là où on avait du militantisme et des militants ça a commencé à diminuer tout doucement. »

Souhaitant allier ses deux amours (la Fensch et le Parti Communiste), le futur maire reprend en 1989 la section Fensch du parti politique. Si en 1983 il refuse d’associer son nom à une liste de la commune de Serémange-Erzange, il se démène en revanche pour construire une liste « socialo-communiste » qui peut, selon lui, aller loin grâce à l’impulsion de la gauche du début de la décennie. 

 

Le résultat n'est pas celui escompté, et au-delà de cela, le maire (socialiste) Jean-Jacques Renaud souhaite diminuer la sensibilité communiste de son entourage politique. C’est en cavalier seul cette fois que Serge Jurczak se lance dans les élections de 1995. Avec 32% il finit deuxième, derrière les socialistes. Encore raté.

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Concours de popularité

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" Je veux partir en laissant quelque chose derrière moi. " 

" Mes valeurs sont profondément humanistes. "  

Il lui faudra attendre 2014 pour enfin endosser le costume tant convoité de maire de Serémange-Erzange. Parfaitement taillé pour lui, l’élu est comme un coq en pâte dans ses nouvelles fonctions à la tête des quelque 4000 habitants de la ville.

 

Lorsque l'on lui demande si c’est son étiquette qui l’a porté derrière ce bureau, il nuance « Quand on vote pour un homme, derrière, il y a des idées et des valeurs. Moi je défends des valeurs profondément humanistes. Ce qui n’est pas le cas de mon collègue d’Hayange qui lui prône plutôt la haine et l’indifférence ». « Profondément marxiste », le Serémangeois croit en ses idées et en l’humain.

 

Ne se privant pas de le rappeler lors de ses prises de parole en public, le communiste a en outre entamé ses voeux pour la nouvelle année 2020 en critiquant ouvertement la politique “d’austérité” d’Emmanuel Macron. Un maire dont les fonctions semblent d’ailleurs dépasser l’échelle de sa commune, puisque très investi dans la lutte communiste, il a aussi ouvert un registre de signatures contre la privatisation des aéroports de Paris, accessible depuis la bibliothèque municipale.

 

Pour ce qui est du local, le sexagénaire se sent proche de ses citoyens, et ils lui rendent bien. « Les gens s’arrêtent, on vient facilement me voir, quand je vais à la pharmacie on me parle … Ça, j’apprécie. J’aime les gens. Quand on fait cela, il faut aimer les gens. Si vous n’aimez pas les gens, il ne faut pas vous engager »

 

Il s’est toujours battu pour les gens. A l’usine, au syndicat, Serge Jurczak a lutté pour ceux dont la voix pesait moins en faveur d’une retraite à 55 ans. Il nourrit de profonds regrets face aux grèves d’aujourd’hui, bien moins fédératrices qu’avant. La nostalgie…

 

De quoi se consoler, le voici reparti pour six ans (et c’est tout) sur son terrain de jeu favori : sa ville de Serémange-Erzange. Ce n’est pas là qu’il peut espérer retrouver la ferveur des rues de soixante-huit, mais une mission d’ampleur l’attend avec la prochaine fermeture de la cokerie.














 

 


" 

 

Tout le monde me disait : 

 

 

“ Monsieur Jurczak, si vous changiez d’étiquette vous seriez déjà conseiller général ”

 

 

Je ne l’ai jamais fait !

 

 

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Après sa fermeture en 1987,

le site de la SMK, à Knutange, a été rasé.









Le groupe ArcelorMittal a décidé de fermer définitivement la cokerie de Serémange-Erzange, laissant sur le bas côté ses 150 salariés.

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