Bienvenue
dans la Vallée
de la Fensch
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Bienvenue
dans la Vallée
de la Fensch
C'est
où?
A l’Ouest de l’Est. Pardon ? C’est flou ? Oui, bon, concevons.
La Vallée de la Fensch se situe au Nord-Ouest de la Moselle, en Lorraine, entre Metz et le Luxembourg.
Elle est l’un des endroits de Moselle les plus proches de la Meuse et de la Meurthe-et-Moselle, deux des trois autres départements lorrains.
La vallée jouit également de sa proximité avec la Belgique et le Luxembourg. 60km sépare le plat-pays de Hayange, tandis que la frontière du Grand-Duché est à seulement 25km.
La Vallée de la Fensch, c’est dix communes :
Fameck, Neufchef, Ranguevaux, Knutange, Algrange, Uckange, Serémange-Erzange, Nilvange, Florange et, enfin, la « capitale » : Hayange.
Une partie de ces villes est traversée par la rivière à l’origine du nom de la vallée : la Fensch.
Actuellement, la vallée regroupe une population d’environ 70.000 habitants.
C'est
qui?
Le berceau du fer lorrain. Le symbole mosellan de l’âge d’or industriel français. Le pays de la sidérurgie.
De l’ancienne mine de fer de Neufchef aux hauts-fourneaux de Hayange, en passant par les cités minières d’Uckange et Nilvange, le territoire est, aujourd’hui, encore fortement imprégné de son passé.
Son Âge
d'Or
Michel Liebgott, le président de la Communauté d'agglomérations du Val de Fensch est un gamin de la vallée.
Pourtant, la désindustrialisation, il ne l’a pas vécue. L’élu a très vite quitté son territoire pour ses études et ses premiers postes :
« Je suis assez représentatif de ceux qui, à l’époque, se disaient que l’avenir n’était pas ici mais ailleurs. [...] C’est une vie très compliquée ici, aujourd’hui. Ce sont des communes très difficiles à gérer car nous avons un héritage d’une grande richesse qui n’évolue plus. C’est toujours plus compliqué d’avoir été riche et de devenir pauvre que le contraire ».
La désindustrialisation
progressive
Ses Mutations
politiques
Reconversions
& Espoirs
La Vallée de la Fensch a été marquée, ces trente dernières années, par l’éclatement de lourds conflits sociaux, hautement médiatisés, à la suite de la fermeture de certains sites sidérurgiques.
Il est vrai que, peut-être, « Vallée de la Fensch » ne vous dit rien. En revanche, si on vous parle des villes d’Uckange ou Florange, là, oui, on le voit dans vos yeux, cela vous parle.
La première abrite le symbolique haut-fourneau U4, dont la fermeture a entraîné une forte mobilisation en 1991. La seconde, plus récente, a occupé l’agenda médiatique de plusieurs semaines de campagne présidentielle. ArcelorMittal ayant décidé de fermer la filière chaude du site de Florange, « supprimant ainsi 600 emplois », affirme Michel Liebgott.
Des images de manifestations vous reviennent en tête, des flash-back de hauts-fourneaux traversent votre écran, des souvenirs de blocages d’usines inondent votre esprit. Clap-clap. Allez, on revient avec nous.
Une crise sociale aux répercussions évidemment politiques ...
Ses crises
Sociales
L'arrivée
Du Rassemblement
National
La Fensch doit son avènement (voire sa naissance) industriel à la famille de Wendel.
Vincent Burckel, enseignant-chercheur à l’Université de Reims, a réalisé sa thèse de sociologie sur une ville située entre la Vallée de l’Orne et la Vallée de la Fensch. Le sociologue nous détaille l’emprise de la famille sur ce territoire :
« C’est ce qui marque cette vallée par rapport aux autres que j’ai pu étudier : l’emprise de la famille de Wendel. La Fensch était très tenue par cette famille-là. Elle possédait les usines et son château se trouvait à Hayange. C’était son fief ».
Une emprise qui, nous le verrons plus tard, était également politique.
« La Fensch a toujours été particulière sur ce point-là, détaille Vincent Burckel. Les ouvriers étaient toujours partagés entre un vote de droite et un vote de gauche. Ce n’était pas marqué comme d’autres régions, par exemple en banlieue parisienne avec la banlieue rouge. Ici, dans la vallée, c’était ambiguë. Le vote de droite, c’était le vote catho. Le vote De Wendel. On se disait " on vote l’ordre social parce que le patron est bon pour nous, si on se met contre lui, il va nous virer ". Il y a toujours eu des ouvriers de droite et de gauche ».
Le paternalisme de Wendelien a ensuite laissé place, dans la vallée, au Parti Communiste Français, le contre-pouvoir du patronat. Arrivent les années 80 et le basculement vers le socialisme. Aujourd’hui, la donne est un peu plus complexe, comme l’explique Michel Liebgott :
« A l’heure actuelle, on est confronté à un éclatement total des repères politiques. En 2014, on a vu une commune basculée P.C.F alors qu’elle était P.S, une autre est passée à droite alors qu’elle était à gauche, une ensuite a élu un maire socialiste après un mandat marqué d’une sensibilité CFDT ... Puis on a vu une commune basculée FN alors qu’elle était entre les mains du P.S ».
Cette ville n’est autre que la capitale de la Vallée : Hayange. La reine des –anges est tombée entre les mains du Front National et de son candidat Fabien Engelmann en 2014. Elle devenait ainsi la première commune lorraine à être dirigée par un élu du FN et l’une des dix à l’échelle nationale.
Vincent Burckel et Arnaud Mercier, politologue et maître de conférences en communication politique à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas, nous donnent plus d'informations sur cette arrivée du parti d'extrême-droite en terre fenschoise.
Vincent Burckel :
« A partir des années 80, les gens étaient vus comme des individus et plus comme des membres de classe. En même temps, la gauche communiste a commencé à être devancée par le Parti Socialiste. Dès lors, la lutte des classes a été abandonnée. Le Parti Socialiste commencait à devenir solidaire d’autres populations. Leur discours a migré vers l’antiracisme. Mais en délaissant cette notion de classe et en se maintenant sur la doctrine antiraciste, ils ont favorisé une sorte de rancœur chez les ouvriers qui n’étaient pas issus de l’immigration extra-européenne. Et cela se vérifie dans la figure du " beauf" . Avant, l’ouvrier c’était une figure valorisée, une figure de progrès. Désormais, pour une partie de la gauche culturelle, c’est devenu un stigmate : le beauf raciste, misogyne, homophobe ».
Autre vecteur d’espoir et de cœur dans les yeux pour les Fenschois ... le Luxembourg !
Grâce à ce nouveau vivier d’emplois, la vallée survit. Le taux de chômage reste haut (environ 20%) mais se stabilise. Mieux, la démographie de la zone repart de l’avant et de nouveaux habitants y viennent pour s’installer : les frontaliers. Problème : le spectre de la ville morte plane au-dessus de certaines communes.
Aujourd’hui, l’industrie de la Vallée de la Fensch emploie 8.000 personnes.
« J’insiste, clame Michel Liebgott, quand on parle de désindustrialisation, il s’agit plutôt d’une baisse d’effectifs. La production est toujours du même niveau ».
À titre d’exemple : à Florange, le groupe sidérurgiste allemand ThyssenKrupp, emploie 1.200 personnes. La filière froide du site d’Arcelor Mittal, où la plus grande ligne de production d’acier d’Europe a été installée en décembre 2019, vit toujours avec ses 2.200 salariés. À Nilvange, BritishSteel et ses 400 salariés continuent de produire les rails les plus performants du monde.
Eh oui, parlons de nous. Ce web-documentaire a pour matériel quatre communes de la Vallée de la Fensch : Hayange, Florange, Serémange-Erzange et Nilvange.
Au travers de ces villes, toutes les spécificités politiques et électorales exposées ci-haut seront abordées.
Quel bilan pour le premier mandat du maire RN de Hayange ?
Peut-on aspirer à devenir une ville dortoir pour travailleurs frontaliers lorsque l’empreinte industrielle de la commune est encore fortement marquée, comme à Florange ?
Comment s’est déroulée la campagne de l’élection municipale de Nilvange, ciblée par l’un des adjoints du maire Rassemblement National de Hayange ?
Et, enfin, que représente la figure du maire, aujourd’hui, en 2020 ? La ville de Serémange-Erzange nous donnera la réponse.
Vous en apprendrez également plus sur les quatre maires sortants.
Adoré par les danseuses de valse musette du dimanche midi mais craint par ses opposants et certains commerçants de Hayange : Fabien Engelmann ou démon ?
Maire de Florange depuis 2016, à seulement 22 ans, Rémy Dick va déjà entamer un second mandat d'édile. Rémy a faim. La jeunesse ambitieuse.
Show-man, fan de pierres chaudes et d’huiles essentielles, Moreno Brizzi assume gérer Nilvange « comme une entreprise ». Moreno Brizzi est le maire Fensch-Shui.
De l’autre côté de la Vallée, à Serémange-Erzange, Serge Jurczak a été réélu... sans adversaire. Ce résultat ne s’explique pas par le fait que c’est un communiste à moustache, non. L’élu n’a eu aucun adversaire lors de ce scrutin. Tous saluent son excellent travail. Serge Jurczak est l'un des manitous de la Fensch.
Puis, enfin, plongez-vous dans chacune des quatre communes au son de leurs habitants rencontrés et questionnés durant ces six mois de reportage.
Qu’une chose à vous dire désormais ...
Bon voyage dans Fensch Valley !
Et alors...
Le Webdoc?
C'est
quoi?
"On est passé de 90.000 personnes travaillant dans la sidérurgie à 8.000 ..."
Denis Mathis, maître de conférences en géographie à l'Université de Lorraine.
Retrouvez le reste de ses interventions, en vidéo, dans la suite de l'introduction et tout au long du web-documentaire !
« Pendant longtemps, à Hayange, il y avait un panneau avec écrit " berceau du fer " », se remémore Pascal Raggi, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Lorraine. L’historien a fait de l’industrie du fer lorrain l’une de ses spécialités :
« C’est la famille de Wendel qui a commencé à travailler le fer dans cette région-là. A partir du XIXe siècle, il y a eu des installations sidérurgiques autour de Hayange et, dès cet instant, tout s'est ensuite développé. »
« On avait une richesse, on était le Texas lorrain, témoigne Michel Liebgott, maire de Fameck depuis 1989 et président de la Communauté d’Agglomérations du Val de Fensch. Les mineurs de fer avaient les premières télés, les sidérurgistes gagnaient bien leur vie. C’est encore le cas aujourd’hui, sauf qu’on a diminué de 90% les effectifs. On est passé de 90.000 personnes travaillant dans la sidérurgie à 8.000 aujourd’hui, en comptant les entreprises de sous-traitant ».
"On était
le texas
lorrain"
Arnaud Mercier,
politologue et maître de conférences en communication politique à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas.
Retrouvez le reste de ses interventions sonores dans la suite de l'introduction et tout au long du web-documentaire !
Pour Arnaud Mercier,
la Vallée de la Fensch,
est un parfait laboratoire pour le Rassemblement National.
Explications :
Arnaud Mercier
voit dans l'éclatement des forces politiques de gauche
la faille parfaite pour le Rassemblement National.
En raison de la pandémie du Covid-19, le second tour des élections municipales 2020 a été reporté au dimanche 28 juin 2020.
Durant tout votre parcours dans le web-
documentaire, n'hésitez pas à passer votre souris sur les îcones qui dépassent des photos.
Celles-ci vous permettent d'accéder à des informations complémentaires ou aux analyses des différents experts interviewés.